Scampia II

Il y a des voyages qui n'en sont pas... 

Dans le tableau "Scampia" de Dominique Prévots, l’artiste capture l’essence d’un lieu marqué par l’histoire sombre de la mafia, mais où l’espoir persiste malgré tout. Inspirée par un séjour à Naples, plus précisément à Scampia, cette œuvre est une représentation abstraite d'un quartier autrefois gangrené par la corruption et la violence, où les âmes errent dans une lutte constante entre l'ombre et la lumière.

La citation "Il y a des voyages qui n'en sont pas" se révèle ici d'une puissance particulière. Ce n'est pas un voyage ordinaire que l’artiste dépeint, mais une plongée dans un monde où les frontières entre l'espoir et le désespoir sont floues, où chaque rue semble contenir les échos d’un passé tumultueux. La composition chaotique du tableau, avec ses teintes sombres de rouge, de bleu et de noir, contraste avec les touches de blanc et de jaune qui percent l’obscurité, symbolisant la lutte entre la lumière et les ténèbres.

Au premier regard, les murs gris au centre du tableau semblent infranchissables, symboles des barrières imposées par un passé lourd de corruption et de violence. Ces murs, pourtant, ne sont pas absolus. Ils sont brumeux, presque éthérés, suggérant que même les obstacles les plus imposants peuvent être surmontés. À travers cette brume, des éclats de lumière émergent, symbolisant la possibilité d’un futur meilleur.

C’est ici que l’espoir se fait jour, porté par les actions courageuses de frères chrétiens qui, dans l’obscurité de Scampia, œuvrent à orienter la jeune population vers un avenir dégagé de la corruption. Ces éclats lumineux, dans le coin supérieur droit du tableau, sont porteurs d’un message de rédemption et de renaissance. Ils indiquent une voie, une sortie de l’ombre pour ceux qui sont prêts à emprunter un chemin de vérité et de justice.

Le tableau ne se contente pas de dépeindre la réalité sombre d’un lieu ; il parle aussi de la transformation possible, du pouvoir de la lumière face aux ténèbres. En regardant "Scampia", on ressent la douleur et la souffrance du passé, mais aussi l’espoir d’un renouveau. Dominique Prévots, par cette œuvre, rend hommage à ceux qui, malgré les ombres, choisissent de marcher vers la lumière, guidant une génération perdue vers un avenir plus lumineux et plus pur. Les touches de blanc pur, discrètes mais puissantes, laissent entrevoir un horizon où l'humanité peut se libérer des chaînes du passé, pour embrasser une vie nouvelle, plus juste et plus lumineuse.

c'est par ces mots que l'artiste pourrait qualifier le bilan d'une résidence à laquelle il a eu le privilège de participer en Italie. Parti pour mettre à profit des temps de partages artistiques, il s'est très vite retrouvé immergé dans un environnement auquel on n'est jamais vraiment préparé. Au coeur de Naples, au milieu de Scampia, quartier depuis longtemps le terrain d'action de la mafia napolitaine, il a contribué à la médiation du quartier par son apport artistique. Tâche difficile quand on lui raconte l'histoire de cette banlieue napolitaine encore aujourd'hui le théâtre de fréquentes violences. Les travaux réalisés au cours de cette résidence sont restés sur place... c'est pourquoi, à son retour il a souhaité conserver une image de cet univers improbable et à la fois propice à la réflexion. Scampia II est donc le reflet de deux mondes qui s'opposent avec en toile de fond un message d'espoir pour les générations futures...